Libkhan Bazaeva, fondatrice de l’organisation “Women’s Dignity”
Dans notre société, en ce qui concerne les femmes, il y a toujours un problème de contrôle sur leur vie. Depuis le premier instant qu’une petite file voit le jour et jus qu’au moment où elle devient adulte, on tente de la controler. Ce qui est moralement demandé à une femme diffère totalement de ce qu’on peut demander à un homme. On tolère deux fois plus de choses à un homme qu’à une femme si ce n’est pas plus. C’est ce qu’on appelle litéralement un manque d’égalité des sexes. La notion de décence varie également beaucoup selon les groupes sociaux.
Il y a une vision extreme sur ce problème, quand on considère qu’une femme décente se soumet complètement à sa famille, que ce soit la famill de son père comme d’ailleurs celle de son mari, peu importe. On ne doit pas non-plus sous-estimer les limites imposées par sa propre famille. Donc une femme, ne peut avoir de volonté par elle même, ni de pensée personelle, elle doit être complètement passive, là elle sera considérée comme une bonne femme.
Personellement je pense qu’elle peut correspondre parfaitement à cette société, pour ce type de cercle, pour préserver cette mentalité. Mais si vous la considérez par elle même, alors on fait face à une personnalité sous-developpée, elle n’est plus une personne libre. Donc ce genre se marrie à n’importe qui, à celui qu’on lui désigne, et vit humblement comme première, puis seconde, troisième femme, souffre en silence et meurt de cette vie, de ces stress, de ces difficultés.
Il y a une grosse disproportion maintenant en terme de temps libre entre les hommes et les femmes. Les femmes ont bien plus de travail que les hommes ou même les garçons. Les hommes qui travaillent ne gagne de toutes façon pas assez d’argent parce que les postes sont mal payés. Donc une femme essaie de combler le vide et se cherche une activité pour elle, ça peut être du business, même modeste, ou alors elle fera du jardinage, du ménage. Il arrive souvent que les jeunes hommes soient en fait plus dépendants de leur femme qui reste à la maison à s’occuper des enfants, donc il essaie de satisfaire ses demandes pour l’inciter à en faire encore plus.
Je crois que tous les problèmes de notre génération se sont developpé à cause de l’émanciptation des femmes, quand bien même se soit une bonne chose, un truc cool comme mes enfants disent, ça a des conséquences. C’est parce que l’émancipation des femmes imlpique l’émancipation des hommes en premier lieu. C’est impossible pour les hommes de s’émanciper sans que les femmes ne fasse de même.
Mais pour une raison ou pour une autre les hommes resistent à ça. Ils pensent:”nous sommes l’élite, on peut avoir ce que l’on veut et nous accomplir complètement, et les femmes doivent être différentes et ne peuvent pas être autorisées à profiter de ce genre de choses. Il se trouve que personne n’a en fait réellement attendu la permission et que tout s’est passé comme ça. Donc parfois le comportement des femmes peut être choquant pour les hommes alors que ça devrait perçu de façon normale. C’est difficile pour les hommes, mais c’est aussi pour les femmes de passer à travers ses étapes, du coup, tout le monde est perdu.
Les médias sociaux amplifient la pression sur les gens. D’un coté, il y a la disparition de toutes les interdictions, religieuses ou ethniques. Les gens, libérés, ont tendance à tout essayer. Ils sont destiné à perdre un peu de leur âme, de leur image dans le monde. A ce niveau on devrait se poser des questions. Disons que vous regardez ces programmes TV, ces “chaines de la nuit” – d’ailleurs vous n’avez pas vraiment à vous connecter sur ces chaines, n’importe quel film de l’europe de l’oouest ou même les films Russes montrent des scènes de sexe, ou une scène d’amour.
Dans le passé, nous avions pour habitude de fermer les yeux quand un homme et une femme se rapprochaient à l’écran, même juste quand c’était leur visage. On fermait les yeux ou on partait dans une autre pièce. Même les jeunes étaient timides. Et maintenant les gens ont pris l’habitude de tout ça. Quand je regarde ma propre famille, mes propres enfant, les filles de 11 ans regardent tranquillement. Elles ne sont plus surprise quand quand les gens s’embrassent. Plus personne ne prète vraiment attention tant qu’il n’y a pas de scènes de nu. Par contre quand il y en a, même les adultes commencent à s’agiter. Dans notre famile, mon mari est le maitre de la zapette, mais il est vieux et ses réactions sont plutôt lentes. Et donc avant qu’il ne comprenne ce qu’il se passe je hurle “change cette chaine, regardons autre chose!!”, il me répond “Quoi?” – “Donne moi la télécommande” je lui lance et je la prends dans ses mains pendant que mon fils ainé rigole. Pendant ce temps les enfants ont déjà tout compris de ce qu’il se passait. Ils ont déjà vu la moitié de la scène. Ce genre de situation inconfortable arrive de temps en temps. Parce que nous appartenons à différentes générations. Il y a trois générations dans cette maison. Ce qui est innacceptable pour nous ne l’est pas forcément pour nos enfants et devient complètement naturel pour la troisième génération.
C’est une contradiction. Et nous sommes pourtant une famille Tchétchène, une famille nombreuse. On partage une chambre d’amis, et nous avons un seul poste TV, dieu merci. Sinon, tout le monde regarderait ce que bon lui semble. Dans un sens c’est une façon de controler les choses, mais d’un autre c’est aussi trés difficile.
J’essaie constament de comprendre les sentiments de ceux qui regardent ça, des garçons. Les garçons ont l’habitude de cette culture. Mais il ne leur vient pas à l’esprit que les femmes ont accès à la TV également. Et plus tard, quand ils se marrient, ils s’attendent à trouver l’innocence, un peu de timidité et un manque de connaissance chez leur femme. Après un certain temps ils sont fatigués de ça. A la TV, ils ont vu quelque chose de différent, donc ils veulent une femme active.
Cette contradiction commence à faire effet, et les mariages finissent en divorce, et ce n’est pas toujours le garçon qui le demande. Parfois les filles le font aussi.
Vous ne pouvez pas arreter un processus et des changements et ce serait même contre productif de le faire, en revanche il faut savoir les controler d’une manière ou d’une autre.
La question est: qui va le faire, qui va reguler ces comportements, comment et par quels moyens. C’est précisément l’enjeu, parce que peu importe le but, cela ne justifie pas toujours les moyens. Je pense qu’une régulation autoritaire, morale ou éthique ne sera jamais efficace.
Cela demande de sérieux efforts de la part des plus progressistes: c’est de la réflexion. Nous avons besoin d’intellectuels capable de travailler sur ces questions. Les traditions, qui sont des stéréotypes, surviennent à certaines époques historiques parce qu’elles sont nécessaires. Elles apparaissent par elles même.
A d’autres périodes, les même traditioins disparaissent et deviennent inutiles ou même dangeureuse.
Tout ceci doit être étudié. Je pense que nous avons besoin d’universitaires, de sociologues, de psychologues, d’historiens et de philosophes.