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La cité des Gens Ordinaires
La cité Religieuse
La cité des Hommes
La cité Pétrolière
La cité des Femmes
La cité des Étrangers
La cité qui a cessé d'exister
La cité de la Guerre
La cité des Serviteurs
GROZNY 9 CITIES

An interactive documentary by
Olga Kravets, Maria Morina and Oksana Yoshenko. 

An interactive production by
Chewbahat Storytelling Lab 

Photographs and video production
Verso Images

Picture Editor & Curator
Anna Shpakova

Powered by
Racontr

Music and Sound design by
José Bautista - Kanseisound

Narrative Structure and Design
Gerald Holubowicz

English and Russian voice over
Maria Morina
LA CITÉ  DE LA GUERRE

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About the project

Grozny, the capital of war-torn Chechnya, is a melting pot for changing Сaucasus society that is trying to overcome a post-trauma shock of two recent wars and find its own way of life in between traditional Сhechen values, Muslim traditions, and globalization, to cope with rapidly changing role of women, increasing contrast between rich and poor and political games. 

Our project Grozny: Nine Cities is inspired by a Thornton Wilder book, Theophilus North, and centers on the idea of nine cities being hidden in one, which gives us a concept to explore specific aspects of the aftermath of two Chechen wars considering them as ”cities” hidden within Grozny.
 

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Zouleyhan Bagalova, une actrice méritante de la RSFSR, une figure publique  

Pendant la guerre deux soeurs de la prison russe à Tchernokozovo habitaient chez moi – elles étaient si bonnes! Un mur manquait à ma maison – le soleil brillait et les soeurs étaient si rousses. j'ai décidé de leur louer pour 100 dollars. Je me souviens l'éclat de leurs cheveux roux, leurs yeux clairs et leurs visages bons.

On les violait, on les violais horriblement. On forçait la soeur aînée à marcher comme un chien…Mais là à Tchernokozovo on le forçait aussi les gars, on fourrait la poubelle dans leurs bouches, on les forçait descendre les escaliers comme ça, faire « Haf-haf », on jouissait. Ensuite on les obligeait à regarder, comment les chiens mangent leurs parents demi-mort. Je disais aux soeurs, je veux vous aider simplement. Une était mariée. On avait tué son mari son frère.

On les a mis en liberté. Ça s'appelle cartouche jaune. Et elles me racontaient tout sans méchanceté. J'ai retenu ces bonnes visages solaires. Et ici dans la ville elles mettaient en ordre les abatis des briques, elles gagnaient de l'argent pour partir à l'étranger. Oui, elle n'avaient plus rien à faire parmi les Tchétchènes car on  pouvait les tuer. Car les russes les violaient. Un Tchétchène ne les toucherait plus. Et tuer, venger, les jeunes filles ne peuvent pas. Leurs hommes doivent attraper n'importe quel Russe et le tuer. Eh bien, maintenant elles habitent à l'étranger. Elles ne m'ont pas dit, mais je sais approximativement où.   La même est arrivé à Koungaeva Elza*. Même les Tchétchènes ne considéraient pas son père comme unTchétchène, parce qu'il a pris la voie de la justice. Il a eu un procès …

Mais il devait aller tuera les Russes, aller dans les montagnes avec une mitraillette. Dans ce cas là il serait un vrai homme. Maintenant il habite quelque part à la Norvège. Et les Russes et les Tchétchènes le tueront à la première occasion. Voilà il est dans quelles situation.   * Elza Koungaeva de dix-huit ans était enlevé, torturée, violée et tuée dans le village Tanguie par le colonel Ury Boudanov en 2000. Boudanov a été condamné à dix ans d'emprisonnement, et mis en liberté avant terme en 2009, et bientôt tué. La famille d'Elza a reçu l'asile politique en Norvège.
Tamara Kagirova, the founder of "Search of Missing Persons" NGO  

Nous n’exigeons rien d’extraordinaire, nous voulons simplement savoir ce qui est arrivé à nos proches. Que leur est-il arrivé ? S’ils n’appartiennent plus au monde des vivants, alors laissez-nous enterrer la chair de notre chair. Car ils sont la chair de notre chair ! Nous ne sommes pas les seuls à pleurer aujourd’hui : les mères Russes cherchent aussi leurs chers enfants.   En 2003, mon fils a été kidnappé vous savez. Il n’avait même pas 25 ans. Une opération spéciale militaire était en cours dans le quartier de Zavodskoy : de nombreux jeunes garçons ont été enlevés et mon fils était de ceux-là/   Le 16 juillet 2003, à 4h30. Des militaires armés, sans masques, dont on pouvait clairement voir le rang. Ma belle-fille m’a dit qu’ils venaient contrôler nos papiers. Mon fils est allé leur montrer son passeport. Ils lui ont demandé : « Pourquoi vous n’avez pas le tampon du Bureau d’Etat Civil ? Et pourquoi vous ne travaillez pas ? » Ma belle-fille leur dit que leur nourrisson n’avait que quatre mois and qu’il était malade, ses dents poussaient, et elle leur a demandé de rester silencieux. Ils sont allés voir le bébé. Ils ont demandé à mon fils de quitter la pièce… « Le chef va contrôler votre passeport and après, vous pourrez revenir » « Nous allons défoncer la porte de vos voisins. Ils ont refusé de l’ouvrir. » Ils ont dit à ma belle-fille, à propos de son bébé : « Il va avoir peur, vas t’asseoir là-bas. » Ma belle-fille était assise lorsque les tirs ont commencé – ils enlevaient d’autres garçons avant de s’enfuir par la fenêtre. Je suis allé au balcon et les ai vu le pousser dans une voiture alors que ma belle-fille criait : « Zelimkhan ! »   Aujourd’hui je me dis que s’il habitait chez moi, rien de tout cela ne serait arrivé. A l’époque, je vivais dans une zone d’habitation temporaire et, constamment, ils nous envoyaient des inspecteurs de Khankala (la malfamée base militaire russe en périphérie de Grozny). Mais ils n’ont jamais enlevé quiconque, car nous leur expliquions tout, et donc n’avons jamais eu à nous plaindre des militaires. Ils y en avaient tellement que ça n’avait rien d’extraordinaire !    

Nous le cherchions déjà, dépensant de l’argent, allant partout… Nous avons appris plus tard qu’il était interrogé au poste central. Une femme pouvait nous renseigner. Nous lui avons donné mille dollars. Elle nous a répondu : « Oui, Kagirov Zelimkhan… » Ailleurs, nous avons aussi payé pour apprendre que Zelimkhan était à Komi, une région russe à l’ouest de l’Oural. D’autres informations le plaçaient à Volgograd, anciennement Stalingrad, la ville où eurent lieu les attentat de décembre 2013 liés au Jeux olympiques. Toutes sortes d’informations nous parvenaient, mais nous n’avions pas besoin de celles-là.  

J’ai commencé à rencontrer des voyantes partout en Russie. Et à chaque fois elles me disaient : « Il est dans un bâtiment officiel, où des officiers travaillent avec lui. » Ou quelque chose du genre. L’enfant grandit sans son père. Et des histoires comme celle-ci, il y en a des milliers.  

J’ai même écrit à Moscou pour menacer de m’immoler en public, au milieu de la place du Kremlin et de Saint-Petersbourg, à moins qu’ils ne s’attèlent à me rendre mon fils. J’ai aussi maudit la république tchétchène et la Russie. J’ai aussi reçu des appels du service de sécurité fédéral où je me suis rendu, ici à Grozny.   Je voulais rencontrer le chef, Rozhin, pour lui demander pourquoi ses hommes me surveillaient. Le procureur m’a dit : « Pourquoi écrivez-vous tout cela ? » J’ai répondu : « Ecoutez, je vais m’immoler. Moi, pas vous, alors pourquoi vous inquiétez-vous ? »  

Trop de pistes possibles, trop. Je n’ai plus d’argent, je n’ai même plus de dents désormais.   Sans savoir pourquoi, pendant toute cette période j’avais le sentiment d’être en vie. Je rêvais sans cesse. Dans mon dernier rêve, à Vladikavkaz, mon mari et moi nous étions quelque part, entourés de personnes en civil, mais armées. Ils me dirent : « Votre fils aurait pu s’échapper, mais il ne le voulait pas. » Alors que je voulais parler, mon mari me dit de rester silencieuse. Et on aurait pu croire que mon fils n’avait plus que deux ans de service. Nous voulions le ramener à la maison. Puis je me retrouvais à la prison, avec mon sac, le cherchant frénétiquement. Je courais et j’ai vu une fenêtre cassée. J’ai vu Zelimkhan sauter de cette fenêtre, il n’avait ni barbe ni ses cheveux frisés. Je lui ai demandé : « Zelim, où étais-tu passé ? » Je chuchotais presque pour que les inspecteurs ne nous entendent pas. Ils le reprendraient s’il revenait à la maison. Il me dit que quelqu’un est venu et a demandé pourquoi on le retenait avant d’ordonner de le libérer. Je lui ai dit : « Où pouvons-nous nous cacher désormais ? Au cas où les inspecteurs viendraient pour t’emporter à nouveau. » Et à ce moment, je me suis réveillée.   Officiellement, officiellement aucune personne enlevée n’est jamais revenue. Il y a eu des cas où des proches les retrouvaient immédiatement et payaient le prix nécessaire pour les faire libérer. Mais jamais ces personnes n’en parleraient.
Mon nom est Alikhan Akhmedov.

Je suis né le 13 novembre 1984. En 2002, je suis entré à l’académie du Ministère de l’intérieur situé à Nalchik. Je suis sorti diplomé en 2004. Puis à partir de septembre 2004, j’ai travaillé dans le district de Zavodskoy au département de détection du crime de Grozny. Plus tôt, avant que je ne prenne la tête du groupe d’investigation homicides, j’enquetais sur les vols et les cambriolages. Plus tard j’ai été transféré dans la section délit et crimes capitaux. Nous travaillons ensemble avec Imran Arasmerzuyev. Je le connais trés bien: il est bon, c’est un amis fidèle. Il est sorti de la même académie que moi avec les honneurs. Nous travaillions ensemble et les choses allaient plutôt pas mal, nous résolvions beaucoup de crimes, le noyau dur du groupe était trés bon.

J’étais en charge des investigations concernant les délits moyens et il était dans mon groupe. Malheureusement ils ne nous ont pas laissé travaillé, au lieu de ça ils nous ont jeté en prison. En novembre 2007, Ruslan Khatayev fut assassiné. Il servait dans le régiment #1 de la police de la route du Ministère de l’intérieur de Tchétchénie. Durant l’investigation, nous avons appréhendé un suspect, Sahid-Emin Mazayev, qui travaillait pour les Forces Spéciales de Police. Il conaissait la victime personellement. Il avait emprunté de l’argent de Ruslan Khatayev et au lieu de payer sa dette, Mazayev assassinat Khatayev. On parle de 250,000 roubles (7000€) si je ne me trompe pas. Nous étions supposé l’amener au bureau du Procureur. Toutes les preuves avaient été collectées, et nous avions juste à fournir à l’enquéteur deux témoins pour un interrogatoire. La famille de la victime était dans la cours, armée. Il étaient aux alentour d’une vingtaine près à le venger. Ce genre de choses arrivent. Et tout le monde savait que ce type avait tué l’officier de police. Le jour suivant, j’ai reçu un message sur le net disant: “Occupe toi de tes fesses, sac à foutre, si tu veux sauver ta peau”. Je n’y ai pas trop prêté attention à vrai dire. Je suis allé au travail. J’ai montré le message à Khasan Zhuzhayev, the chef du département Crime, et il a dit: “fait attention, ça peut être connecté au meurtre, donc reste sur tes gardes”. Je ne me suis quand même pas alarmé et j’ai continé à parler d’autres affaires. On a eu a passer la nuit au Poste de Police, tout le personnel. On est allé au café avec Imran pour prendre un thé. L’endroit était situé à peu près à 40 mètres du batiment de la Police. On est allé là bas, on est resté assis là peut être pour 10 minutes. Là les gars de la Police Spéciale nous on chargé. On les connait tous, chacun d’entre eux, ils étaient 8 ou 10 d’entre eux. Ils sont arrivés avec des pistolets mitrailleurs et ont directement reconnu Beslan Saidkhasanov, le commandant en chef du bataillon des forces de Police Spéciales. Il s’est assis près d’Imran et nous a dit de les suivre. Nous avons refusé et j’ai dit que nous avions nos propres supérieurs, qu’ils ne nous avaient pas donner d’ordre en ce sens et que donc nous n’irions nulle part. En guise de réponse il nous dit que nous irions où il le souhaitait.      

Il y avait quelques uns de nos collègues dans le café, donc je me suis dit qu’il y avait peu de chances pour que ces gars nous embarquent. Aprés cet échange, plusieurs gars des Forces Spéciales m’ont attaqué sans que je puisse avoir le temps d’atteindre mon arme. J’ai entendu des coups de feu et j’ai vu ma chaise criblée de balles. Les briques du mur étaient explosées. Ils m’ont balancé dans une voiture et pointé un pistolet sur ma tempe. Ils ont pris mon téléphone et m’ont emené dans à la Clinique#9. Ensuite, ils m’ont tiré hors de la voiture et m’ont ordonné d’aller dans le coffre. J’ai refusé. J’ai commencé à me défendre, mais ils m’ont frappé avec la crosse de leur fusil et… bon, ça n’était pas si douloureux, j’avais un gros blouson. Alors ils ont commencé à me frapper avec leur armes dans les jambes et dans la tête. Quand j’ai repris conscience, j’étais déjà dans le coffre de la voiture. Ils conduisaient et j’entendais tout ce qu’ils pouvaient se dire: “Non, on doit l’amener au Ministre, le commandant des Forces Spéciales Alikhan Tsakayev, aussi appelé ‘Tonnerre’ et après on en fait ce qu’on en veut”. Ils m’ont jeté hors de la voiture, j’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que j’étais déjà à la base des Forces Spéciales. Plusieurs gars des Forces Spéciales se sont approchés et ont commencé à me battre brutallement, comme un animal ou un tapis, c’était le genre d’attitute qu’ils avaient. J’ai vu une corde. Ils enroulent une corde autour d’un arbre, vous mettent les mains derrière le dos et ils vous pendent là. Comme ça vos jambes flottent dans l’air et vous vous pendez dans le vide…et bon, je pensais que c’était la procédure standard avec eux. Ils avaient des lumières comme ça, je ne pouvais pas voir leur visage, mais j’ai réussi à les distinguer quand l’un d’eux m’a approché et a bloqué le faisceau. Donc je me rappelle quelques uns d’entre eux, peut être sept ou huit, peut être même dix. Je connaissais les noms et prénoms de certains d’entre eux, et d’autres que je pouvais reconnaitre quand je les ai vu.   Biensur ils m’ont battu, je peux vous montrer la photo. Il m’ont frappé au visage, m’ont insulté et m’ont demandé “pourquoi je faisais ça?”… en fait ce qu’il voulait dire c’était plutôt “tais toi, c’est pas tes oignons”. Mon nez était cassé, il y avait des paquets de sangs et je ne pouvais plus respirer. Ils m’ont aussi baillonné pour que je suffoque. Ils m’ont mis un sac plastique sur la tête et ils m’ont étranglé. Alors, ils ont enlevé le sac, dieu merci. Je m’évanouissais de temps en temps et pour me reveiller il me jetait de l’eau glacée dessus, même si nous étions en plein mois de novembre et que les températures étaient glaciales. Le peu de fois ouù je suis revenu à moi, j’étais frigorifié, ligoté, meurtri et je ne pouvais plus du tout sentir mes mains. Après un moment, ils ont amené Imran. Ils l’ont jeté hors de la voiture. Il était là sur le sol, à peu près à 5-6 mètres de moi, et un gars des Forces Spéciale l’approcha. Beslan Saidkhasanov arriva, et lui marcha sur le coup en disant “tu te défendais au café, hein?” et après ces quelques mots, 5-6 Forces Spéciales ont commencé à le battre, là, au sol. Il se tordait dans tous les sens et tentait d’échapper aux coups, mais rien n’y faisait. Ils avaient des armes et le frappaient. Ils ont continué comme ça pendant une heure et demie deux heures. Ensuite, ils m’ont amené dans un sous-sol. L’endroit était pourri.    

Aprés un moment, ils nous ont sorti du sous-sol. J’ai réalisé que c’était une place pour les parades, là où les formations prennaient place, et il y avait leur commandant, Alikhan Tsakayev. Quand tout le monde était là, ils nous ont fait tenir sur nous genoux, notre tête baissée et ils ont fait un discours en Tchétchène. “Voilà les gars des investigations criminelles, cette bande de poules. Personne n’a le droit de détenir un membre des Forces Spéciales, et celui qui le fera, souffrira des même conséquences.” Et même quand j’étais accroché à cet arbre, battu, à 30 ou 40 mètres, j’ai vu Sharpuddi Lorsanov, le Ministre de l’Intérieur et le chef des Services de Sécurité… Quand ils nous battaient, un représentant des Services nous a approché. C’était le lieutenant Colonel Akhyad Bisultanov qui travaillait sur notre cas, coté procureur. Il m’a regardé de travers, et il est parti. Après qu’ils nous aient amené au batiment administratif des Forces Spéciales, je les ai vu amener Imran au second étage, au bureau du commandant des Forces Spéciales où – je l’ai appris plus tard – il a eu une discussion avec le Ministre, les vice-Ministres et le Chef des Services de Sécurité. Après ils nous ont conduit à l’écart, dans une voiture qui appartient à notre chef de la sécurité du Département des affaires Internes, Aslambek Sakazov. Ils nous ont emmenés au quartier général des Services de Sécurité et nous ont interrogés. Pas à propos des passages à tabac, mais à propos de la libération de Mazayev. Il n’y avait de toutes façons rien à dire sur les tabassages. Ils ne nous ont rien demandé, comme si cela avait normal. Ils m’ont donné des explications détaillées, comment nous l’avions libéré et pourquoi Sakazov et ses gars nous avait emmené au Département des Affaires Internes de Zavodskoy, ainsi que notre placement en détention provisoire. Ils nous ont mis Imran et moi dans des cellules différentes. Nous avions été sévèrement battu, je tremblais de tout mon corps et ils ont même dû appeler une ambulance pour moi cette nuit là. On ne m’a donné que deux cachets, c’est tout. Ils nous ont gardé là pendant deux jours. Le second jour, ma mère est venu avec un avocat et vu qu’ils m’avaient battu. Ma mère leur a dit: “Pourquoi vous gardez ces gosses ici? Laissez nous les ramener chez nous!”, et lui a repondu “Non, ils sont bien ici, on les garde pour leur propre protection”. Je ne sais pas vraiment de quelle sécurité ils parlaient, on avait déjà été battu, c’etait preque incroyable. Plus tard j’ai réalisé qu’ils nous avaient battu pour faire gonfler l’affaire, le temps de fabriquer des preuves contre nous. La raison, c’était Mazayev, vous comprennez? C’était une relation du commandant des Forces Spéciales. Après il y a eu un procés factice, et après un temps, plus d’un an – un an et huit jours – ils nous ont relaché avec trois ans de probation. Sans même avoir le droit de reprendre un travail. Nous avons porté plainte partout… mais toutes ont atteri sur le bureau du commandant des Forces Spéciales et ont été classées sans suite. On s’est plaint auprés de la court, auprés du centre de détention provisoire, tout a atteri sur le bureau du commandant Alikhan Tsakayev. Comment vous expliquer? Cela ne sert plus à rien de se plaindre à qui que soit aujourd’hui, que ce soit le procureur, le comité d’investigation ou la Court Suprême. Peu importe a qui ont peu bien écrire, nos plaintes sont systématiquement renvoyées sur le bureau de Tsakayev. Il a fait la leçon à des membres de nos familles, il leur a parlé … à ma mère, à celle d’Imran, à celle de mon patron. Il a dit que malgré les plaintes nous serions condamnés à la prison, que nous ne sortirions jamais de cette histoire lavés et tranquilles. Ce sont ses mots, comme ça, depuis le début jusqu’au verdict. Plus tard, des membres de la famille ont écrit à Moscou… et Dieu merci, merci le tout puissant, ils ont enclenché une procédure contre les Forces Spéciales de Police, les ont chargés avec l’article 286 partie 3 du Code Criminel. L’affaire fut ensuite stoppée sur la base que les personnes accusées n’avaient pas été identifiées.    
Aima Makayeva, La mère d'Apti Zeynalov, porté disparu depuis 2009
Au chef de l'administration del'instruction du Comité d'enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie à V.A. Ledenev De Baytoulaev Omar Ahmatov né le 20.09.1961 La République Tchétchène région Atchkhoy-Martanovsky village Zakan-Yurt 19, rue de Mekhanizatorov (numéro de téléphone)  

DECLARATION
J'habite en Tchétchénie, dans la région Atchkhoy-Martanovsky, au village Zakan-Yurt, 19, rue de Mekhanizatorov. J'y habite de l'an 2004 avec ma femme – Baytoulaeva Taïta Magomedvna née en 1963, et mes filles – Baytoulaeva Bella Omarovna née en 1986, Baytoulaeva Zarema Omarovna née en 1987 et Baytoulaeva Mariam Omarovna née en 1999.   Le 4 janvier 2011 j'étais à la maison, je regardais la télé jusque tard dans la nuit et je me suis couché près de minuit et demi. Avant de me coucher j'ai fermé la porte cochère de l'intérieur et la porte d'entrée. A peu près à 00:45 je me suis réveillé du bruit de forts coups à ma prte cochère. Regardant par la fenêtre j'ai vu que dans la cour il y avait 10 hommes que je ne connaissais pas auparavant. Comme la porte cochère était fermée j'ai compris que l'un des eux avait escaladé la palissade en laissant entrer les autres. Tous les hommes qui étaient pénétrés dans ma cour avaient des armes à feu – des miraillettes et des pistolets. Ils étaient en tenue de camouflage, sans masques. Ces hommes-là à ont cassé l’aide des miraillettes la lampe à incandescence de la cour et il y est devenu sombre. Je me suis habillé, j’ai ouvert la porte de ma maison et je suis sorti dans la cour. A ce moment-là à peu près 5 ou 6 personnes sont entrées dans ma maison. Quelqu’un m’a dit :  « On te disait de partir du village ? ». Je leur ai dit de ne pas entrer dans la maison, de permettre à ma femme et mes filles de s’habiller. Ils ont ignoré ma demande. J’ai commencé à leur expliquer que j’avais déjà parlé au chef de l’administration qui exigeait que je quitte le village de ce que bientôt on doit acheter ma maison dès que l’acheteur reçoit la certification du logement. Le préfet m’avait demandé si un mois me suffisait. J’avais répondu que dès que j’aurais la certification du logement je irais quitter le village. Les hommes m’ont demandé : “Tu vas parler encore?” Après cette phrase deux entre eux ont saisi mes mains et le troisième  a frappé à ma tête par un tabouret en plastique quelques fois. Je me suis arraché et couru dans la cour, mais ils m’ont rattrapé, m’ont renversé et ont commencé à me frapper par leurs pieds à différentes parties de mon corps en me donnant des plusieurs coups après quoi j’ai perdu connaissance.                    

Quand je me suis réveillé j’ai vu que ma femme et mes filles sont sorties dehors en les suppliant de ne pas me battre. Par la porte cochère ouverte j’ai vu que devant ma maison il y a deux voiture VAZ « Priora ». J’étais couché sous l’avant-toit de ma maison sur la terre du béton et ma femme et mes filles m’ont demandé de ne pas bouger car les hommes en tenue de camouflage pourraient recommencer à me battre s’ils voyaient que j’avais repris connaissance. En voyant qu’ils se sont détournés, sans qu'on s'en aperçoive je suis entré dans la cour voisine et je me suis enfui pieds-nus chez mes voisins. J’ai demandé à mon voisin d’aller voir si les hommes qui m’ont battu sont déjà partis. Au bout d’un moment mon voisin est revenu en me disant que je peux revenir chez moi. J'ai vu beaucoup de voisins et de pompiers auprès de ma maison qui étaignaient l'incendie. Il n y avait plus personne. J'ai appris de ma femme et de mes filles que ces gens en tenue de camouflage avaient brûlé notre maison. A cause de l'incendie tous les meubles, une somme de 160 000 roubles, tous les aliments, les documents, nos vêtements étaient brûlés. A la suite de cette incendie un dommage matériel en somme de 1 000 000 roubles était causé à moi. Puis j'ai appris que parmis ces gens qui m'avaient battu et avaient brûlé ma maison se trouvaient Tatsagov Valid Salambekov et Housaïnov Ahmed Oumarovitch (autrefois il s'appelait Oumaev Oulbi Danilbekovitch mais pour une raison inconnue en 2003 il a cahngé son nom) les collaborateurs du département du ministère de l'intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky.      

Le procès criminel №56523 de l'article 167 du code criminel de la Féderation de Russie était enrepris sur ce fait contre le département du ministère de l’intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky. Au cours de l’enquête quelques actes du juge d'instruction étaient réalisés, ma famille et moi, nous étions reconnus victimes.  

Lors de la reconnaissance des identités on m’avait montré les photos des malfaiteurs possibles parmis lesquels j’avais reconnu Tatsagov Valid et Housaïnov Ahmed les collaborateurs du département du ministère de l'intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky. Aussi on avait organisé la confrontation avec eux.         

Après quoi, selon les exigences de l’article 151 du code de procédure pénal de la Fédération de Russie, le procès criminel était transmis pour une enquête ultérieur au département de l’instruction de la région Atchkhoy-Martanovsky du comité d’enquête de la Russie à la République Tchétchène. J’espérais que l’enquête gagne au finish, que les malfaiteurs comparaissent en jugement et que mes droits soient rétablis.   Mais je me suis trompé et j’ai compris qu’en Tchétchénie les lois russes ne fonctionnent pas, ici on respecte seulement la force, l’argent et le pouvoir.    

Le chef du service de l’enquête du département du Ministère de l’Intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky un homme très respecté et un employé du Ministère de l’Intérieur, un tchétchène était licencié à cause de l’engagement d’un procès pénal contre les gens de l’entourage du préfet de la région Atchkhoy-Martanovsky.         

Le 4 juin 2011 ne voulant pas avoir le même destin l’enquêteur du déprtement de l'enquête  de la région Atchkhoy-Martanovsky instruction du Comité d'enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie a porté un jugement de l’abandon du procès contre  Tatsagov et Husaïnov selon l’article 167 du code pénal de la Fédération de Russie à cause de l’absence de la criminalité de leurs acts et le procès était revenu au département de l’enquête de l’administration du Ministère de l’Intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky.        

Par ma plainte au Parquet de République ce jugement de l'enquêteur du département de l'instruction de la région Atchkhoy-Martanovsky était annulé, mais le procès pénal était resté au département du Ministère de l'Intérieur, sous prétexte de la vérification de la vérsion et de l'alibi proposés par les malfaiteurs.        

Je trouve qu'au cours de la réalisation de l'enquête préliminaire du procès pénal №56523 les règles des droits substantiel, processuel et international étaient enfreintes.     Selon la partie 1 de l'article 151 du code pénal de la Fédération de Russie l'enquête préliminaire des procès pénaux contre les titulaires du Ministère de l'Intérieur de la Fédération de Russie se réalise par les enquêteurs du Comité d'enquête de la Russie.     La Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie dans son jugement du 5 février 2007 № 2-P avait noté que vu la partie 4 de l'article 15 de la Constitution de la Fédération de Russie, «les principes et les règles généralement admis du droit international» et les contrats internationaux de la Fédération de Russie s'inscrivent dans le cadre de son système de droit. Si d'autres règles que celles prévues par la loi sont établies par les contrats internationaux de la Fédération de Russie, les règles des contrats internationaux sont adaptées.   

En ratifiant la convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales la Fédération de Russie a reconnu obligatoire la juridiction de la Cour de justice des communautés européennes sur les droits de l'homme pourles questions de l'interprétation et de l'usage de la Convention et du procès-verbal envers elle dans les cas  de l'infraction présumée du règlement  de ces actes contractuels par la Fédération de Russie (le loi fédéral de 30 mars 1998 №54-FЗ).         

Ainsi comme la convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la décision de la Cour de justice des communautés européennes sur les droits de l'homme - dans la partie où à partir des principes et des règles généralement admis du droit international, ils donnent l'expliquation du contenu des droits et des libertés fixés dans la Convention y compris le droit d'accès à un tribunal et le droit à justice équitable – s'inscrit dans le système de droit russe et pour ça ils doivent être tenus en compte par le législateur fédéral pendant le réglage des relations publiques.             

Selon le droit pécédent de la Cour de justice des communautés européennes ( la décision de la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme de 26.01.2006 sur le procès «Mikheev vs Russie» le point 108) l'enquête des déclarations des actes de cruauté doit être consciencieuse. Ça signifie que les administrations publiques doivent compter sur les conclusions précipitées et arbitraires pour la cessation de l'enquête ou pour la prise de quelques décisions. Ils doivent entreprendre toutes démarches accessibles et opportunes pour fixer les preuves du procès y compris les témoignages, les certificats médicaux etc. N’importe quel défaut de l’enquête qui nuit à recherche des causes de l’origine des traumas ou des coupables peuvent mener à l’infraction de ce standard. Dans sa décision sur le procès Aksoy vs Turquie (le point 98 de la décision de 18.12.1996) la Cour de justice des communautés européennes des droits de l’homme a institué qu’une enquête efficace doit être immédiate et impartiale.                        

D'ailleurs selon le droit pécédent de la Cour de justice des communautés européennes (la décision de la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme de 26.01.2006 sur le procès «Mikheev vs Russie» le point 110) pour que l’enquête des procès liés aux actes de cruauté de la part des représentants du gouvernement soit effective, elle doit être indépendente.   L’enquête perd son indépendence quand elle est réalisée par les collaborateurs du même département ou de la même institution que les prévenues des actes de cruautés (la décision de la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme de 27.07.1998 «Guletch vs Turquie », les points 80-82). L’indépendence d’une enquête signifie pas seulement l’absence de la liaison hiérarchique et fonctionnelle mais aussi l’indépendence pratique (la décision de la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme de 28.07.1998 «Erguie vs Turquie », les points 83-84). Je trouve que les fonctionnaires du département du Ministère de l’Intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky et l’administration régionale d’Atchkhoy-Martanovsky du comité de l’enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie ne sont pas indépendents du Préfet de la région Atchkhoy-Martanovsky de la République Tchétchène, car avant l’incendie le Préfet avec les miliciens était venu chez moi et avait ordonné de faire une perquisition illégale sans la sanction du tribunal. Et les miliciens avaient obéi sans hésiter. En voyant la situation du chef licencié du service de l’enquête du département du Ministère de l’Intérieur de la région Atchkhoy-Martanovsky personne n’ose réaliser une enquête effective et consciencieuse contre les gens de l’entourage du Préfet et contre lui-même car on risque de se retrouver sans travail et sans un morceau du pain pour sa famille à ces jours si difficiles.                 Ainsi je trouve que l’enquête réalisée par l’enquêteur de l’administration régionale d’Atchkhoy-Martanovsky du comité de l’enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie pour le procès de mes voies de fait par les miliciens et de l’incendie de ma maison pour des raisons certaines n’correspond pas aux exigences d’une enquête effective formulée par la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme, et par conséquent, dans mon cas l’infraction de l’article 13 de la Convention Eurioéenne de 1950 sur le sauvegarde des droits de l'homme et des libertés a été commise. Et ça à son tout donne des raisons pour croire que les fonctionnaires de l’administration régionale d’Atchkhoy-Martanovsky du comité de l’enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie ne veulent pas ou n’ont pas la possibilité d’organiser la réalisation du procès pénal contre les miliciens de la région Atchkhoy-Martanovsky.     

Je suis prêt de m’adresser par une plainte sur cette question à la Cour de justice des communautés européennes  des droits de l'homme, où comme vous comprenez on l’examinera avec plaisir et l’image internationale de la Russie sera endommagée.        

Mais je suis patriote, et pour ça j’essaie d’obtenir justice au niveau national en considérant l’appel à la Cour de justice des communautés européennes comme le dernier moyen pour le rétablissement de mes droits enfreints.         

Vu cet énoncé au titre des exigences de l’article 39 du code pénal de la Fédération de Russie, JE DEMANDE   1. Réclamer le procès pénal №56523 pour une étude et une vérification des faits de l’infraction des exigences de la législation de la Fédération de Russie et de mes droits comme un participant de la procédure judiciaire pénale pour la réalisation de l’enquête préliminaire de ce procès pénal. 2. Transmettre le procès pénal №56523 au département de l’enquêtes des procès d’une importance spéciale du comité d’enquête de la Fédération de Russie en Tchétchénie.  Respectueusement ( la signature) 30.09.2011       Baytoulaev O.A. 
Témoignage de Dagman, résident de village Samachki.
Le massacre de civils le plus connu de la première guerre a eu lieu ici sur Avril 7-8 1995. Le CICR estime que près de 250 résidents ont été tués par les forces russes après qu'ils ne pouvaient pas fournir 264 mitrailleuses comme exigé par les généraux.

ATTENTION: CONTENU CHOQUANT
Nous avons renconré M. et sa mère dans la maison près de Grozny qu'ils restauraient ensemble. Ils gagnent leur vie comme ça. C'était en octobre 2009. On avait arrêté le frère de M. en l'accusant de sa participation à la préparation d'un attentat à Grozny. Cinq jours aprés, on l'a remit en liberté, en disant aux parents qu'il y avait eu une erreur. Sur le chemin de la maison de М. les gens inconnus en tenues de camouflage et armés ont arrêté la voiture, en ont sorti le frère de М. et l'ont emmené dans une direction inconnue.

Depuis combien de temps vous ne savez rien de votre frère?
Demain ça fera 3 mois.

Vous n'avez aucune nouvelle, aucune information?
C'est ça.

Quand ces gens amenaient votre frère ils parlaient russe ou tchétchène?
Ils n'ont rien dit, ils ne parlaient pas.

Pouvait-on l'enlever par erreur, par hasard?  
Non. C'est lui qu'on voulait enlever. Ils sont sortis et se sont dirigés vers la porte où était Alikhan. Ils ont jeté les clés de la voiture dans l'herbe pour qu'on ne puisse pas les suivre. Et comme ça s'appelle? Que penseriez-vous si on enlève quelqu'un de votre famille… Mon frère n'est pas coupable. Il est un bon garçon. S'il n'est pas coupable il faut le laisser tranquille. Il n'est pas en sang. Tous nos voisins peuvent confirmer qu'il était bon. Il a 20 ans.    

Si jeune?
Oui, jeune et beau. Il tient toujours sa promesse. C'est pour ça il fallait l'enlever. En 2008 il a été amnistié, il était tout petit encore. Il était dans la forêt à 19 ans.     Et il vous a raconté pourquou il avait décidé de le faire? Après son retour il nous avait demandé de ne pas lui poser cette question. Il n'aime pas répondre aux questions pareilles. Tout s'est passé. Et il faut continuer vivre.

C'est à dire il était parti et ensuit il est revenu?
Oui. On lui y a tourné la tête et il est revenu. Et vous essayiez de le trouver? Dans la forêt – non. Et vous saviez où il était?   Les collaborateurs nous ont informé qu'il était là.

Ce qui est le pire pour vous, pour la famille qu'il soit dans la forêt ou qu'il est maintenant enlevé par ces collaborateurs comme vous les nommez? 
A vrai dire nous savions que s'il est dans la forêt c'est à dire il est là. Bien sûr s'il y rencontre un ours…Mais c'est le plus difficile quand une personne disparaît parmi les hommes. Quand on confie aux gens il reste au moins une chance, mais quand on te mente – c'est trop difficile pour une personne. 

Combien de temps il était dans la forêt? Une anée et deux mois. Quand il était revenu il a commencé à travailler avec vous et votre mère?
Il travaillait avant ça aussi, de tout petit âge. Il aidait à chaque voisin. Parmi les autre gars il était le premier qui aidait les gens, il ne refusait jamais. Il disait : on ne mourra pas d'une bienfaisance. 

Quand les collaborateurs étaient venus et ont dit que votre frère est dans la forêt – ils ne vous menaçaient pas, votre famille? Car maintenant on brûle les maisons parfois…
Non. Ils ont dit simplement: «Allez dans la forêt et amenez-le ici». Et nous avons dit: «Si vous l'aimez plus que nous, allez vous mêmes dans la forêt et amenez-le! Ce n'était pas nous qui l'y avons envoyé. Et nous n'étions pas heureux qu'il est dans la forêt».  

Et que pensez vous de la situation dans la republique? Nous sommes venus, nous voyons cette beauté mais en même temps on dynamite, les gens disparaissent…
Je suis sûre d'une chose: les gens dans les cravates ne souffrent pas. Je pense que personne ne porte pas plainte pour les droits de l'homme au ministère. Car celui qui a une arme, de l'argent a raison. A mon avis c'est mieux de mourir quelque part dans le chantier avec une bêche dans la main, mais gagner son morceau du pain honnêtement.     

Et comment vous pensez, quand vous aurez des nouvelles? Nous espérons que mon frère reviendra et nous prions pour ça Allah. Mais le jour, l'heure concrets? Non, nous n'avons pas d'espoir pareil. Un espoir général seulement. Mais si notre président l'apprend il fera beaucoup de chose dès maintenant. Il trouvera mon frère et l'amenera chez nous.    

En automne 2010 le cadavre de leur frère était rendu à la famille de M. On leur a dit qu’il était liquidé comme un combattant dans la forêt près du village Avtouri.     
Nous avons fait connaissance de Adlane et Anou Idrissovy en mars 2012 à Avtury (un village en Tchétchénie au bord de la rivière Khoulkhoulaou). Leur fils Zoubaïr Idrissov a été condamné à dix ans de prison correctionnelle en juin 2010.  Il a été reconnu coupable de banditisme, attentat à la vie d'un agent de police, endommagement et destruction des biens d'autrui et  de possession illégale d'arme. Irissov purge sa peine à Tomsk. Il s’est pourvu en cassation mais sans résultat jusqu'à présent.  

Anou : Le 3 août  2009 dans notre village une voiture a explosé sur le pont. C'était la voiture du chef de la police … Lord – c'est son surnom, son nom c'est Daoudov Magomed … A trois heures du matin, des gens en uniforme militaire,  masqués et armés, ont fait irruption chez nous. Ils ont embarqué notre fils. Voilà …  

Adlane : Raconte en détail ...  

Anou : Ils l'ont pris … Ils l'accusaient, mais ils ne nous ont rien dit, ils lui ont juste mis un masque … on ne savait pas où ils amenaient notre fils.  

Racontez tout du début à la fin. Comment il a été pris, qui était avec lui ?  

Anou : J'étais là bien sûr … je dormais dans une chambre, lui, il dormait dans une autre chambre au fond de la maison. Nous avons entendu du bruit, je regardais par la porte et je voyais des gens … Je suis allée réveiller mon fils et lui ai dit : « Il y a des gens qui sont venus ». Il n’avait aucune réaction …  

Il m'a juste dit : « Maman, on n’a rien fait, va te coucher ». Il s'est retourné et a continué de dormir. Ensuite ils sont rentrés à la maison comme chez eux, ils se sont approchés de lui et l'ont réveillé : « Zoubaïr ! Zoubaïr ! Lève-toi ! On y va ! » Ils l'ont pris par la main et Zoubaïr est allé tranquillement avec eux. J'ai pris un d'eux par la main mais il m'a dit : « Laisse-moi ! » J'ai demandé : « Vous l'amenez où ? » … Ils ne me disaient rien, ils sont partis avec notre fils. Nous sommes allés tout de suite à la police de Chali (une ville située à 36 km au sud-est de Grozny) pour porter plainte.   Ils disaient, nous allons voir, nous allons chercher … il faut attendre le matin … Je criais comme une folle : « Comment ça attendre le matin?! Je ne sais pas où est mon enfant ». Il était encore mineur, il n'avait pas dix-huit ans.   Pendant que nous attendions, une femme nous appelle au téléphone.  

Adlane : C'était presque à l'aube.  

Anou : Et elle nous a dit, « il y des garçons ici » … il y avait un autre garçon avec notre fils, son camarade de classe et notre voisin. Ils avaient le même âge … Et elle a dit qu’elle avait également très peur, bien sur : « ces garçons sont arrivés au milieu de la nuit … » Elle travaillait à une station-service. Puis mon fils lui a pris le téléphone : « Maman vient vite! Nous sommes près de la station-service … Il y a une forêt à côté ».  

Adlane : Ils les ont laissé dans le champ à côté d’un poteau. Ils les ont battu jusqu’à ce qu’il soit à moitié mort et les ont laissé là comme ça.  

Anou : tous les deux ont été battus sévèrement. Nous avons attendu jusqu'au matin et les avons amenés à l'hôpital pour attester de leurs blessures. Et … Ils sont revenus: « C'était une erreur », ils se sont excusés, rien de plus – la même histoire que d'habitude. Nous n’avons plus de force pour faire une demande reconventionnelle, ou quoi que ce soit d’autre… Bref … Nous savons que c'est injuste, nous allons tout laisser comme ça … J'avais des photos. Mais malheureusement, ils les ont toutes enlevées.    


Vous voulez dire qu’ils ont tout effacé des registres de l’hôpital ?  

Oui, à l'hôpital. Mais j'ai gardé des photos. Il paraît qu'ils ont perdu le journal d'enregistrement à l'hôpital. Il y avait soi-disant un chantier…   Le temps a passé, et un mois après – la deuxième fois. C'était un mois sacré de l'Aïd al-Fitr (la fête musulmane qui marque la rupture de jeûne du mois de ramadan). Nous avons tous dîné ensemble… Les hommes se sont réunis, comme toujours, à la mosquée près de chez nous pour la prière. Nous avons entendu un bruit de tir. Je suis sortie en courant, il y avait déjà beaucoup de gens dehors. Tout le monde criaillait... Il se passait quelque chose de terrible. Et les gens ont dit... «  Ils ont emmené deux garçons avec eux». Ils étaient armés et masqués, Il y avait des tirs. Ils ont pris les garçons avec eux avant la fin de la prière.  

Nous n'arrivions pas à trouver notre fils. J'ai demandé, que se passe-t-il, expliquez! Ils étaient armés de pistolets mitrailleurs et ne laissaient passer personne. J’étais terrifiée, c'est impossible de décrire, tellement c'était terrifiant. Je ne l'oublierai jamais, je garderai toujours toujours cette image dans mon esprit, je suis une mère après tout et nous ne trouvions toujours pas Zoubaïr… Plus tard nous avons appris qu'ils n’avaient pas réussi à l'attraper. Il s’était enfui, il avait peur après la dernière fois, la fois ou ils l’avaient emmenés, où ils l’avaient kidnappé et battu, il était bien sur effrayé à cause de ça.  

Ils sont venus le chercher, ils ont encerclé notre maison... Il y avait un bataillon « Iug » (bataillon de Sud, un terme russe utiliser pour désigner les membres des forces de sécurité du président de la République Tchétchénie Ramzan Kadyrov lorsque ce dernier était un « chef rebelle), FSB (service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie) , ROVD (police) – il y avait des structures différentes – notre cour était pleine de gens… Bref, ils ont passé une nuit ici. Certains dormaient, d'autres pas.  

Adlane : Ils étaient à peu près trois cents, tous armés.  

Anou : Ils nous menaçaient. Ils nous ordonnaient de leur donner notre fils. Il était chez ma sœur à Kourtchaloï (nom du village). On m'avait appelé et j'étais au donc au courant. Mais je ne le disais à personne, même à lui (à Adlane, une femme tchétchène n'a pas le droit d'appeler son mari par le prénom), et s'il avait accepté de le leur donner...   Et à la nuit tombée, je ne me sentais pas bien... Et dans la journée, je ne pouvais pas le cacher et je n'avais pas l'intention de le faire. Et ce gas, Daoudov, a téléphoné pendant la nuit... Il nous voulait pour… Combien de temps nous a-t-il donnés ? Huit heures ?  

Adlane : jusqu'au matin  

Anou : Il nous fallait le trouver et l'amener au bureau des affaires internes à huit heures...  

Adlane : Je lui ai donné ma parole d'homme  

Anou : Il a donné sa parole par téléphone et après je suis allée le voir en personne (Daoudov)... Nous avons parlé et il m'a dit :  « Je sais qui a essayé de me tuer, je sais qui c'est. Mais, Je n’ai actuellement aucune preuve, je veux juste lui poser quelques questions. Tu pourras, je donne ma parole d'homme », - il a dit – « tu pourras venir le cherche le soir ». Je lui ai dit : « Et si je ne peux pas... Je n'ai pas l'intention de le cacher, il n'a rien fait, c'est encore un enfant, il vient juste d'avoir son bac ». Donc, nous le lui avons amené.  

Anou : Je croyais qu'ils allaient le libérer. J'en étais sûre, une parole d'homme... Moi, par exemple, je suis une femme et je tiens ma parole. Nous avons amené notre fils, nous l’avons livré. Mais ils ne l'ont pas libéré. Ils ont dit qu’ils l’avaient attrapé dans les bois, qu’il avait engagé le combat et qu’il était armé. Ils l’ont donc inculpé de ces charges également.  

Au début, ils n’ont pas voulu que l’on engage un avocat, ils faisaient pression.... Ils l’ont gardé pendant 48 jours, même si c’est illégal – tout le monde le sait. Il a été battu – j'ai des photographies pour le prouver. Ils l’ont transféré à l’hôpital pour des examens, ils lui ont fait des injections de morphine, l’ont pris en photo puis on lui ont fait faire des radiographies. Il avait des dommages cérébraux intracrâniens, sa mâchoire était brisée, il avait des hématomes – Qu’aurait-il pu avoir de plus. Ils ont sérieusement battu mon garçon.  


Adlane : quand il a signé les documents, c’est ma signature qui aurait dû être présente. Je n’avais pas signé car je comprenais très bien ce qui se passait. Ils battaient le garçon pour le forcer à signer. Ils lui ont dit que j’avais déjà tout signé. Je ne sais pas comment cela est possible… mais … Il y a aujourd’hui des films sur les nazis. Mais ce qui arrive à Chechnya (Thchétchénie)  c’est encore bien plus horrible.
Je ne parle pas forcément de mon fils. Cela aurait pu être n’importe qui... N'importe quelle rue, n'importe quelle cour, entrez, vous allez voir : un a été tué, l'autre a disparu, tué, disparu. Ils sont tous des insurgés vous croyez ?! Dans notre rue, il n’y avait qu’un seul garçon de ce genre et personne d’autre. Les autres, c’étaient juste des garçons ordinaires.  

Anou : Avant quelqu’un pouvait dire qu'il n'y avait vraiment pas de lois, d'ordre et maintenant, ils disent, « c'est un pays civilisé, nous avons des lois et la Russie unifiée (celon : le parti de Vladimir Poutin»...  

Adlane : A cause de l’affaire de mon fils, je suis devenu un ennemi public – personne ne veut m'embaucher – je suis un ennemi du peuple ! Le seul travail qu'on me propose c'est là où on paye six, dix mille roubles (140, 240 euros). C'est le plafond. Et même encore, c'est du piston. Et comment je peux entretenir ma famille avec un salaire de dix mille roubles ? Ça n’a aucun sens.  


Combien d'années de peine a eu Zoubaïr ?  

Anou : Neuf ans, il lui reste six ans et demi.  

Adlane : Soixante pour cent de ceux qui sont dans les prisons sont innocents – ils sont là-bas juste pour faire du chiffre... Si un Tchétchène est mêlé dans quelque chose, ça veut dire que c'est un bandit. Et lorsque tu y penses toi-même, tu comprends qu'il est innocent et que tout est fabriqué.      
Nous rencontrons la mere d’un homme disparut en mars 2012. Son histoire se passe en 2011. Elle souhaite rester anonyme par ce qu’elle ne crois pas que la médiatisation de son cas iadera a retrouver son fils. Elle a toujours espoir de le retrouver grace à un espèce d’accord secret, impliquant une rançon, lui permettant de le récupérer.

Kadyrov veut des résultats! Très bien, donc ils peuvent prendre n’importe qui et lui faire n’importe quoi juste pour obtenir en retour des médailles ( pour leurs résultats ). Ils ont vu que j’étais faible “ Bien, elle n’a plus de mari depuis longtemps… Elle a juste quelques enfants avec elle, les autres sont parties, donc on peut facilement en prendre un sans créer d’agitation” Donc il l’on prit, par ce qu’ils me trouvait dans un état de faiblesse. Si j’avais eu une arme ou quelques connexions dans certaines organisations, ils ne se le serai jamais permis…Vous comprennez, c’est ainsi que ça se passe. Il semble même étrange, je veux dire, que… que je soit encore sur mes deux jambes. Le 3 août Ils sont venus frapper à ma porte, c’est pour cela que je dis que c’est dangereux. Je venais juste de rentrer du travail. Mon fils était rentré à la maison peut-être 10 minutes avant moi. Il travaille au marché, enfin il y travaillait. Donc il était rentré à la maison et était assis dans le salon à regarder la TV. Je me suis habillée, je me changeaix, enfin je suis allée dans ma chamber pour me changer. Je me préparais à prier, c’était l’heure de la prière du soir. Je me suis arrêtée à la cuisine. J’ai pensée que je pouvais mettre la bouilloire à chauffer et ensuite j’irais prier. Je n’avais meme pas parlé avec lui par ce que je le voyais absorbé par ce qu’il regardait à la TV, donc, je m’étais dit que je ne voulais pas le déranger. Et tout à coup, nous avons entendu frapper à la porte. D’abord, j’ai pensé que je l’avais peut-être imaginé, vous voyez, je suis un peu dur d’oreille, enfin mon Oreille droite est un peu bouchée, alors j’ai prêté l’oreille. Sur cet entrefait, mon fils est allé ouvrir. Je le regardais juste lui et ils lui ont parlé, je ne pouvais pas entendre un traitre mot. Ils lui ont pris la main et l’ont entrainé dehors. Ils demandaient quelque chose, mais je ne pouvais pas entendre… Ils ont dit : “ donne nous ton passeport et ton telephone” mais il n’avait ps de telephone à ce moment là par ce qu’il venait de le vendre pour s’en acheter un nouveau. ET nous étions également dans une crise réelle, mon mari venait de mourrir, nous avions du payer les funérailles, donc nous étions vraiment à court d’argent et c’est aussi pour garder son travail au marché qu’il avait également vendu son telephone. Donc il leur a dit, “ si vous avez besoin d’un passeport je vous le rapporte. Et j’irai avec vous” Et ils ont répondu “ Ok, vas y sit u veux y aller” Et ils avaient l’air si calme là où ils étaient, seul deux d’entres eux étaient habillés en civil. Il est alors sorti. Je n’avait pas remarqué, je n’avait pas regardé à l’extérieur – il y avait deux voitures à l’extérieur. Il c’est avéré que ces militaires faisaient partie de l’unité spéciale Mobile ( OMON).  Mais à ce moment je ne savais pas que deux d’entre eux faisaient parti de l’OMON. Je suis donc retournée me changer à l’arrière.J’ai pensé que je m’habillerai et que j’irai ensuite. Et lorsque j’étais en train de me changer, j’ai vu un des hommes marchr le long du couloir, jusqu’à ma chamber. Marcher si calmement… J'étais nue, au milieu de ma chambre. Et j'ai dit : « He où allez vous? Vous ne voyez pas que je suis en train de me changer?» Il ne dit rien, il a juste continué à regarder à l'intérieur de chaque chambre, je l'ai alors suivi et je lui ai dit : « De quel droit vous promenez vous dans ma maison ainsi? Montrez moi vos papiers!» Mais de nouveau il ne répondit rien. Il continua de regarder dans chaque pièce. Et il était déjà revenu dans le couloir – et mon couloir est plutôt long et les chambre sont là et j’ai une cuisine juste sur le côté gauche et juste après la porte d’entrée. Et lorsqu’il est arrivé à la cuisine il est simplement sorti. Et je ne savais pas quoi faire. Donc je suis sortie, mais je n’ai rien vu… ET je suis donc sortie sur la route et je suis allée au département des affaires internes, voir les inspecteurs, je suis allée partout, remplie tout les papiers, les plaintes et les formulaires. Sans aucun résultats. Après deux mois – et je continuai à me render dans toutes les départements d’investigations, les affaires départementales, les milices… Après deux mois c’était la célébration de la fin du Ramadan ( le neuvième mois du calendrier Islamic, le moement ou tous les musulmans du monde observant le jeune pendant la journée)  Le lendemain, ils ont pris d’assaut mon appartement, ils étaien peut-être une vingtaine… C’était à peu près le moment ou j’ai appris qu’ils faisaient parti de l’OMON je l’avais note grace à leurs badges. C’était un jour de pluie, leure bottes étaient boueuses, ils marchaient là, sur mes tapis, sans se poser de question. Ils entraient dans chaque pieces, donnant des coups de pieds autour d’eux, ils ont pris 3 albums photos et sont parties. Je leur ai demandé “ que cherchez vous? Vous avez déjà prism on fils. Mais que voulez vous?” Et ils ont dit : “ Ne pretends pas que tu ne sais pas ce que nous cherchons! Où le caches tu?” j’ai dis : “qui?” et eux : “Où caches tu ton fils?” et j’ai dis : “ ha, c’est ça le problème! Vous l’avez gardé jusqu’à maintenant”   “ ça fait deux mois que je le cherche”  Et eux, vous voyez, ils n’ont rien dit, ils sont juste parti. Et jusqu’à ce jour…Il se trouve que mon fils était chez ses amis pendant trois semaines et on ne m’avait rien dit. Ils ont prévenus mon beau frère mais il était déjà parti à Astrakhan. ( une des ville majeure du sud de la russie, 400 km au nord de Grozny). Il a juste contacté son oncle et lui a dit quand il est arrivé et ce qu’il a du faire pour s’échapper.  Il a prit lui même des papiers temporaires et à loué un appartement. Il voulait se procurer un passeport et partir pour l’étranger. Mais pour cela il avait besoin de passeport de… Comment vous appelez cela… de l’administration militaire. Donc il m’a apellé et dit… Non a ce moment je ne pouvais pas apeller, c’est ma soeur qui m’a appelé, elle habitait là bas ( Astrakhan ), elle m’a dit : “Nous avons besoin de ce certificat, on ne fera pas le passeport sans certificat”. J'ai dit d'accord, j'y suis allée et j'ai vu tout ces gens, ils ressembalient... Il étaient vraiment efferayés. Peut-être essayaient – ils de me prévenir, je ne sais pas.   Ils ne m’ont pas délivré de passeport, ils avaient peur, ils avaient été prévenus que « si vous délivrez un passeport sous ce nom, nous vous emporterons… », autrement dit, que je serai sur la liste des personnes disparues. Ils ne m’ont donc pas donné ce passeport. Je leur ai donné plusieurs milliers de roubles, pour qu’ils me donnent des papiers rapidement. Il s’est avéré que ces papiers n’étaient valables que pour deux semaines. Nous étions début décembre, et ces papiers n’avaient plus qu’une semaine de validité.   Du coup ils ne voulaient pas les accepter. Ils m’ont dit que je devais en faire faire d’autres, valides pour six mois. J’y suis donc retourné et leur dit : « Vous m’avez donné les mauvais papiers. Comment ça se fait, je vous ai donné 5000 roubles et vous m’avez donné quelque de valable deux semaines ? » Ils m’ont répondu : « OK, donnez-nous 4000 roubles et vous aurez les papiers pour six mois. » Très bien. Je leur ai donné l’argent, j’ai eu les papiers.   Le jour suivant il était censé déposer sa demande de passeport et le 25 décembre, ils l’ont emmené d’ici. Le 5 janvier, ils l’ont conduit au bureau d’enquête du district de Leninsky, un bureau d’investigation gouvernemental. Ils l’ont obligé à écrire quelque chose dans la veine de : « personne ne m’a enlevé, personne ne m’a conduit nulle part, je me suis simplement disputé avec ma mère parce qu’elle ne voulait pas que je me marie et je suis parti pour Astrakhan. » Ils lui ont pris un ticket pour Rostov le 7 janvier – ça je l’ai découvert en menant mon enquête. Puisque personne, et les enquêteurs pas plus que les autres, ne travaille. Je me suis donc chargé de ma propre enquête, je suis allé à la gare. Il n’a pas d’archive de son billet ou de son numéro de wagon donc, où qu’ils l’aient emmenés, je ne le saurai pas. J’ai donc écrit à Moscou, mais ils m’ont renvoyé vers les autorités locales en me conseillant de les laisser enquêter. Mais ces autorités, eh bien… elles ne font rien, effrayées elles aussi. L’enquêteur m’a même dit dans ces termes : « Je dois survivre, et j’ai peur ». La voilà l’histoire. Je pense qu’ils le détenaient. J’ai cette sensation qu’ils l’ont tué. Pourquoi, je ne sais pas. Mais sinon, où auraient-ils bien pu l’emmener ?  
Nous avons rencontré Khoussen Vangachev en mars 2012 chez lui. Il a été torturé et se retrouve aujourd'hui cloué au lit, il a du mal à parler, c'est pourquoi, son histoire est racontée par Anton Ryjov, le membre du Groupe Libre et Mobile. Cette histoire a été publiée dans son blog et nous la recopions avec la permission de l'auteur.  

Le 30 septembre 2011, Khoussen, 23 ans, est rentré chez lui après une journée de travail au chantier. Il a discuté avec sa mère à propos de son mariage et il est allé se coucher. Il a été  réveillé  d’un coup, plusieurs personnes se sont jetées sur lui, lui ont mis des menottes et une veste sur la tête (afin qu’il ne puisse identifier ses assaillants).

Vangachaev entendait sa mère crier et pleurer. Dans la maison voisine un autre jeune homme Patarkhanov, a été enlevé.   Ils ont amené Khoussen dans un bâtiment, l'ont jeté par terre et ont commencé à le battre. Ils le faisaient avouer qu'il apportait, soi-disant de la nourriture aux insurgés. Khoussen a senti qu'ils attachaient un fil de fer à ses doigts des pieds. Après il a senti une forte décharge électrique.

Trois personnes étaient assises sur son dos, un lui tenait les pieds, un autre activait les décharges. En même temps ils l'arrosaient d’eau.   Ne pouvant plus supporter les tortures, Khoussen a accepté de tout signer. Ils lui ont donné des papiers à signer, écrits à la main. Vangachev comprend mal le russe, il n'a pas pu lire ce qu'il signait. Quelque temps après, ils ont amené Khoussen sur un chemin vicinal et en le menaçant avec un pistolet-mitrailleur, ils ont exigé qu'il montre avec un doigt un buisson. Khoussen a eu peur pour sa vie et a obéi.   Quelques jours après Khoussen et Patarkhanov ont été de nouveau amenés à la lisière du village Katar-Urt (30 km de Grozny). Sur place Khoussen  était encore effrayé par ces gardes armés et même si  son avocat lui avait demandé de ne rien montrer, il a de nouveau indiqué le même buisson où il gardait, soi-disant, des produits pour les insurgés.  

Le lendemain Khoussen a été amené au tribunal du district pour y recevoir un formulaire de détention. Khoussen a dit au juge qu'il n'avait pas commis de crime, qu’il avait fait un faux témoignage arraché sous la torture. Malgré tout, il a été placé en état d'arrestation. Ces déclarations n’ont engagé aucune réaction. Mais après le tribunal, deux policiers sont venus le voir en garde à vue, l'ont amené dans la salle d'interrogatoire et l'ont battu.   En octobre, la mère de Vangachaev lui a rendu visite plusieurs fois en garde à vue, au centre de détention provisoire. Khoussen avait été sévèrement battu, il se plaignait d’avoir mal au dos, disait qu'il était paralysé de temps en temps des pieds et qu'il avait du mal à respirer. En novembre les policiers ont appelé la mère de Khoussen et lui ont dit que les jambes de son fils étaient paralysées et que sa vessie avait cessé de fonctionner et qu'il allait être amené dans un hôpital de Grozny. Le 1 décembre Khoussen s'est fait opéré de la vessie.  

En décembre 2011 après des examens médicaux , une grave maladie a été diagnostiquée à Khoussen, une maladie proscrivant l’incarcération. Aujourd'hui Khoussen est complètement paralysé des jambes. On lui a bien entendu prescrit un traitement. Sa mère a porté plainte auprès du comité d'enquête et auprès du Ministère de l'Intérieur de la République de Tchétchénie mais elle n'a eu aucune réponse.
Roman Veretennikov est un juriste qui a rejoint le « Joint Mobile Group » en Tchétchénie. Depuis 2010, à l'initiative du « Committee Against Torture», une organisation des droits de l'homme de Nijni Novgorod, des juristes de toutes les régions viennent travailler en Tchétchénie. Chaque équipe de juriste du « Joint Mobile Group » passe un mois en Tchétchénie pour enquêter sur les cas d’enlèvements et des tortures. GLM ne travaille qu'avec des victimes qui sont prêtes à médiatiser leur cas, les rendre public. GLM est la première organisation à présenter des preuves de torture venant des survivants.  

Pour éradiquer les Wahhabites les services secrets ont carte blanche. Et c'est pour cela que l'Etat ferme les yeux sur les enlèvements et les tortures. Des gens au sein du gouvernement pense qu’ils ont entièrement le droit d’avoir recours à la violence pour combattre le wahhabisme. Bien sur, aujourd'hui il y a moins d'enlèvements en Tchétchénie car la plupart des wahhabites ont été déplacés de la République.

En 2009-2010 si quelqu'un avait un membre de sa famille qui était dans la montagne, ils venaient et brûlaient sa maison. Ramzan Kadyrov en agissant de cette manière a pu établir un certain ordre en Tchétchénie. Les principales zones problématiques en ce moment se trouvent en République du Daghestan, en République d'Ingouchie et en République de Kabardino-Balkarie. Nous enquêtons sur les cas de kidnapping et nous insistons pour que tous ceux qui sont impliqués dans ces cas soient poursuivit même si ces gens travaillent pour des agences gouvernementales.          
Nous avons rencontré Aset Borchashvili, 43 ans, en mars 2013. Il nous a raconté l’histoire de son fils Yusup Ektumayev, 20 ans, en attente d’être jugé pour des faits de terrorisme qu’elle considère montés de toute pièce. Contrairement à d’autres mères, elle a été parfaitement au courant de ses déplacements depuis qu’il a été enlevé au domicile familial. Mais elle affirme également qu’il a été forcé d’avouer sous la torture. En septembre, Yusup a été condamné à 9 ans de prison après avoir été reconnu coupable de complot pour assassiner des représentants des forces de l’ordre, de faire partie d’un groupe terroriste et de recel d’explosifs. Ses avocats défendaient qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour l’inculper, lui et ses amis du village de Assinovskaya.  

Mon nom est Aset Borchashvili. Je suis née en 1969. Mon mari a été tué en 1995, me laissant seule avec mes 3 enfants. Nous étions réfugiés. Nous vivons en Ingushetia à cette époque…   Les évènements se sont déroulés le 17 avril 2012. Un matin quelques jours plus tôt, nous avons entendu une détonation. Je l’ai pris pour du tonnerre. J’ai réveillé mon fils pour prier. Il me posa des questions à propos de cette détonation. Je lui ai dit que c’était la foudre. Il voulait se rendormir. Dès l’après-midi, les rumeurs ont commencé à se répandre à propos de jeunes gens qui auraient été arrêtés. L’ami de mon fils était détenu. Je lui ai demandé s’il savait quoi que ce soit, mais il m’assura que ce gars ne pouvait pas avoir fait ça puisqu’ils étaient paris chercher des oignons sauvages. C’était le seul travail qui pouvait rapporter un peu d’argent aux jeunes gens pour s’acheter chaussures et vêtements. Mon fils m’aidait à la maison depuis ses 12 ans. Il essayait aussi d’élever son propre bétail en achetant des veaux et des brebis.  

Tôt dans la soirée, des agents du district départemental des affaires intérieures est venu nous voir et à demandé : « Ektumayev Yusup ? » J’ai répondu : « Oui, il y a quelqu’un ici s’appelant comme ça » « Où est-il ? » « Il joue au football et plus tard il doit aller chercher les vaches ». « Nous avons des questions à lui poser. » « Vos questions n’apportent que des problèmes. » « S’il est innocent, laissez-le venir au Département. »

Lorsqu’il est rentré à la maison, je lui ai demandé s’il était coupable. « Je n’y irai pas. » « Comment ça ? Tu n’y ira pas sans moi, je viens avec toi. » Nous y sommes allé. Imayev Yusup était avec le chef du Département, et il a commencé à hurler immédiatement. Il dit : « Comment pouvez-vous prouver que je suis coupable ? Je suis innocent, un point c’est tout. » Il a recherché des images sur son ordinateur et lui a montré : « Tu connais cette personne ? » Il a répondu : « Non. Je ne connais personne. » « Tu ne connais pas tes amis ? » Je suis intervenue : « Pourquoi pensez-vous qu’ils sont amis ? » « Maintenant, des membres du service de sécurité fédérale vont venir et prouver ta culpabilité. »
Ils m’ont accompagné hors de la pièce.   Une heure ou deux plus tard, lorsque je suis de nouveau rentrée, j’ai vu une personne complètement différente, une personne qui a tout avoué. Il a été battu. Il avait les larmes aux yeux, ses cheveux était totalement ébouriffés. Il ne portait plus sa chemise ni sa veste et il tremblait. Je demandé s’il l’avait battu et il a acquiescé.  

Un mois plus tard il m’ont laissé le voir. La première chose qu’il me dit : « Maman, je n’ai rien fait. » « Si tu n’es pas coupable, alors change ta déposition. » C’est un enfant, il ne connaît pas le Code, il ne connaît pas tous ces pièges ; il ne savait même pas ce qu’il signait. Ils lui ont juste tendu les papiers : soit tu mouchardes soit tu admets ta culpabilité. Et devenir un indic’ est une grande faute chez nous, alors il choisit de plutôt tout avouer. Et ces gens-là, ils n’avaient besoin que de résultats qui satisfassent leurs supérieurs et les donnent de l’avancement, et donc plus d’argent. Mais je n’ai pas conduit mon fils ici pour cela, je suis venu avec lui pour moi, pas pour eux.  

Ils étaient très en colère quand j’ai déposé une plainte et écrit au comité des droits de l’homme. Je l’ai fait car je savais que mon fils était innocent. Si je suis une citoyenne russe, alors comment se fait-il que ces lois ne s’appliquent pas ici en Tchétchénie ? Comment se fait-il que les gens à Moscou ou en dehors de la Tchétchénie puisse se plaindre et pas nous ?  

Puis il ont effectué une séance d’identification avec des officiers. Il était le premier jeune à accepter de faire partie de cette procédure. J’ai bien élevé mes enfants. Mes enfants sont bons, même si nos codes considèrent que complimenter nos propres enfants est honteux, je n’ai pas peur de les féliciter parce que je suis celle qui les a enlevé. J’en ai fait des hommes, alors pourquoi ne pourrais-je pas protéger mes propres enfants ? Je sais que je fais quelque chose de bien.  

Les gens se couchent et gardent le silence. Certains, ceux qui peuvent se le payer, envoient leurs enfants à l’étranger.   Aujourd’hui, nous sommes en 2013. L’année dernière ils ont enlevé 47 garçons du village. Ils ont torturé mon fils à coup de décharges électriques. Un rapport d’expert a confirmé qu’il a été battu ; ils ont laissé des traces.  

Il ne m’en parle pas. Il a peur que je ne puisse pas le supporter. Mais ils l’ont vraiment torturé. Il avait des contusions partout. Même quand ils l’amenaient dehors, j’ai vu qu’il pouvait à peine monter dans la voiture. Ces enfants n’ont plus d’avenir désormais. Mais s’ils parvenaient à trouver un emploi, ils sont déjà trop meurtris. Aucune école ne les acceptera avec un tel casier. Pourquoi ainsi briser la vie des gens ? Pourquoi détruire ces vies ?
TÉMOIGNAGES
CONCLUSION
ÉPILOGUE
Le 3 Juillet 2013 Doku Oumarov , le chef de Emirat du Caucase , a appelé les rebelles à perturber les Jeux olympiques de Sochi . Nous publions un extrait de sa vidéo Youtube ici avec la traduction .  

"J'ai fait des déclarations encourageant à la paix , dans laquelle nous leur avons montré la bonté et de la miséricorde . Mais par leurs actions dans le Caucase , les infidèles nous prouvent qu'ils ne comprennent pas la gentillesse et considèrent ceci comme une faiblesse . Après nous avons fait des déclarations disant que nous n'allions pas toucher de cibles civiles , les infidèles ont exercé leur répression sur le Caucase avec toute leur force , y compris dans les lieux où des civils et des moudjahidin vivent .   Nous devons leur donner une réponse adéquate. Aujourd'hui, nous devons prouver à ceux qui habitent le Kremlin ( pas les gens ! ) , Les méchants , que notre gentillesse n'est pas une faiblesse. Aujourd'hui ils marchent sur notre terre et ils ne respectent pas nos lois musulmanes et ils organisent ces jeux sataniques . Aujourd'hui, ils ont l'intention de tenir les Jeux olympiques sur les ossements de nos ancêtres où de nombreux de nombreux musulmans fidèles ont été tués et enterrés dans les terres à côté de la mer Noire. Donc, nous , les moudjahidin , sommes obligés d'utiliser toutes les méthodes possibles permis par Allah de ne pas permettre que cela se produise ."