Mon nom est Alikhan Akhmedov.
Je suis né le 13 novembre 1984. En 2002, je suis entré à l’académie du Ministère de l’intérieur situé à Nalchik. Je suis sorti diplomé en 2004. Puis à partir de septembre 2004, j’ai travaillé dans le district de Zavodskoy au département de détection du crime de Grozny. Plus tôt, avant que je ne prenne la tête du groupe d’investigation homicides, j’enquetais sur les vols et les cambriolages. Plus tard j’ai été transféré dans la section délit et crimes capitaux. Nous travaillons ensemble avec Imran Arasmerzuyev. Je le connais trés bien: il est bon, c’est un amis fidèle. Il est sorti de la même académie que moi avec les honneurs. Nous travaillions ensemble et les choses allaient plutôt pas mal, nous résolvions beaucoup de crimes, le noyau dur du groupe était trés bon.
J’étais en charge des investigations concernant les délits moyens et il était dans mon groupe. Malheureusement ils ne nous ont pas laissé travaillé, au lieu de ça ils nous ont jeté en prison. En novembre 2007, Ruslan Khatayev fut assassiné. Il servait dans le régiment #1 de la police de la route du Ministère de l’intérieur de Tchétchénie. Durant l’investigation, nous avons appréhendé un suspect, Sahid-Emin Mazayev, qui travaillait pour les Forces Spéciales de Police. Il conaissait la victime personellement. Il avait emprunté de l’argent de Ruslan Khatayev et au lieu de payer sa dette, Mazayev assassinat Khatayev. On parle de 250,000 roubles (7000€) si je ne me trompe pas. Nous étions supposé l’amener au bureau du Procureur. Toutes les preuves avaient été collectées, et nous avions juste à fournir à l’enquéteur deux témoins pour un interrogatoire. La famille de la victime était dans la cours, armée. Il étaient aux alentour d’une vingtaine près à le venger. Ce genre de choses arrivent. Et tout le monde savait que ce type avait tué l’officier de police. Le jour suivant, j’ai reçu un message sur le net disant: “Occupe toi de tes fesses, sac à foutre, si tu veux sauver ta peau”. Je n’y ai pas trop prêté attention à vrai dire. Je suis allé au travail. J’ai montré le message à Khasan Zhuzhayev, the chef du département Crime, et il a dit: “fait attention, ça peut être connecté au meurtre, donc reste sur tes gardes”. Je ne me suis quand même pas alarmé et j’ai continé à parler d’autres affaires. On a eu a passer la nuit au Poste de Police, tout le personnel. On est allé au café avec Imran pour prendre un thé. L’endroit était situé à peu près à 40 mètres du batiment de la Police. On est allé là bas, on est resté assis là peut être pour 10 minutes. Là les gars de la Police Spéciale nous on chargé. On les connait tous, chacun d’entre eux, ils étaient 8 ou 10 d’entre eux. Ils sont arrivés avec des pistolets mitrailleurs et ont directement reconnu Beslan Saidkhasanov, le commandant en chef du bataillon des forces de Police Spéciales. Il s’est assis près d’Imran et nous a dit de les suivre. Nous avons refusé et j’ai dit que nous avions nos propres supérieurs, qu’ils ne nous avaient pas donner d’ordre en ce sens et que donc nous n’irions nulle part. En guise de réponse il nous dit que nous irions où il le souhaitait.
Il y avait quelques uns de nos collègues dans le café, donc je me suis dit qu’il y avait peu de chances pour que ces gars nous embarquent. Aprés cet échange, plusieurs gars des Forces Spéciales m’ont attaqué sans que je puisse avoir le temps d’atteindre mon arme. J’ai entendu des coups de feu et j’ai vu ma chaise criblée de balles. Les briques du mur étaient explosées. Ils m’ont balancé dans une voiture et pointé un pistolet sur ma tempe. Ils ont pris mon téléphone et m’ont emené dans à la Clinique#9. Ensuite, ils m’ont tiré hors de la voiture et m’ont ordonné d’aller dans le coffre. J’ai refusé. J’ai commencé à me défendre, mais ils m’ont frappé avec la crosse de leur fusil et… bon, ça n’était pas si douloureux, j’avais un gros blouson. Alors ils ont commencé à me frapper avec leur armes dans les jambes et dans la tête. Quand j’ai repris conscience, j’étais déjà dans le coffre de la voiture. Ils conduisaient et j’entendais tout ce qu’ils pouvaient se dire: “Non, on doit l’amener au Ministre, le commandant des Forces Spéciales Alikhan Tsakayev, aussi appelé ‘Tonnerre’ et après on en fait ce qu’on en veut”. Ils m’ont jeté hors de la voiture, j’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que j’étais déjà à la base des Forces Spéciales. Plusieurs gars des Forces Spéciales se sont approchés et ont commencé à me battre brutallement, comme un animal ou un tapis, c’était le genre d’attitute qu’ils avaient. J’ai vu une corde. Ils enroulent une corde autour d’un arbre, vous mettent les mains derrière le dos et ils vous pendent là. Comme ça vos jambes flottent dans l’air et vous vous pendez dans le vide…et bon, je pensais que c’était la procédure standard avec eux. Ils avaient des lumières comme ça, je ne pouvais pas voir leur visage, mais j’ai réussi à les distinguer quand l’un d’eux m’a approché et a bloqué le faisceau. Donc je me rappelle quelques uns d’entre eux, peut être sept ou huit, peut être même dix. Je connaissais les noms et prénoms de certains d’entre eux, et d’autres que je pouvais reconnaitre quand je les ai vu. Biensur ils m’ont battu, je peux vous montrer la photo. Il m’ont frappé au visage, m’ont insulté et m’ont demandé “pourquoi je faisais ça?”… en fait ce qu’il voulait dire c’était plutôt “tais toi, c’est pas tes oignons”. Mon nez était cassé, il y avait des paquets de sangs et je ne pouvais plus respirer. Ils m’ont aussi baillonné pour que je suffoque. Ils m’ont mis un sac plastique sur la tête et ils m’ont étranglé. Alors, ils ont enlevé le sac, dieu merci. Je m’évanouissais de temps en temps et pour me reveiller il me jetait de l’eau glacée dessus, même si nous étions en plein mois de novembre et que les températures étaient glaciales. Le peu de fois ouù je suis revenu à moi, j’étais frigorifié, ligoté, meurtri et je ne pouvais plus du tout sentir mes mains. Après un moment, ils ont amené Imran. Ils l’ont jeté hors de la voiture. Il était là sur le sol, à peu près à 5-6 mètres de moi, et un gars des Forces Spéciale l’approcha. Beslan Saidkhasanov arriva, et lui marcha sur le coup en disant “tu te défendais au café, hein?” et après ces quelques mots, 5-6 Forces Spéciales ont commencé à le battre, là, au sol. Il se tordait dans tous les sens et tentait d’échapper aux coups, mais rien n’y faisait. Ils avaient des armes et le frappaient. Ils ont continué comme ça pendant une heure et demie deux heures. Ensuite, ils m’ont amené dans un sous-sol. L’endroit était pourri.
Aprés un moment, ils nous ont sorti du sous-sol. J’ai réalisé que c’était une place pour les parades, là où les formations prennaient place, et il y avait leur commandant, Alikhan Tsakayev. Quand tout le monde était là, ils nous ont fait tenir sur nous genoux, notre tête baissée et ils ont fait un discours en Tchétchène. “Voilà les gars des investigations criminelles, cette bande de poules. Personne n’a le droit de détenir un membre des Forces Spéciales, et celui qui le fera, souffrira des même conséquences.” Et même quand j’étais accroché à cet arbre, battu, à 30 ou 40 mètres, j’ai vu Sharpuddi Lorsanov, le Ministre de l’Intérieur et le chef des Services de Sécurité… Quand ils nous battaient, un représentant des Services nous a approché. C’était le lieutenant Colonel Akhyad Bisultanov qui travaillait sur notre cas, coté procureur. Il m’a regardé de travers, et il est parti. Après qu’ils nous aient amené au batiment administratif des Forces Spéciales, je les ai vu amener Imran au second étage, au bureau du commandant des Forces Spéciales où – je l’ai appris plus tard – il a eu une discussion avec le Ministre, les vice-Ministres et le Chef des Services de Sécurité. Après ils nous ont conduit à l’écart, dans une voiture qui appartient à notre chef de la sécurité du Département des affaires Internes, Aslambek Sakazov. Ils nous ont emmenés au quartier général des Services de Sécurité et nous ont interrogés. Pas à propos des passages à tabac, mais à propos de la libération de Mazayev. Il n’y avait de toutes façons rien à dire sur les tabassages. Ils ne nous ont rien demandé, comme si cela avait normal. Ils m’ont donné des explications détaillées, comment nous l’avions libéré et pourquoi Sakazov et ses gars nous avait emmené au Département des Affaires Internes de Zavodskoy, ainsi que notre placement en détention provisoire. Ils nous ont mis Imran et moi dans des cellules différentes. Nous avions été sévèrement battu, je tremblais de tout mon corps et ils ont même dû appeler une ambulance pour moi cette nuit là. On ne m’a donné que deux cachets, c’est tout. Ils nous ont gardé là pendant deux jours. Le second jour, ma mère est venu avec un avocat et vu qu’ils m’avaient battu. Ma mère leur a dit: “Pourquoi vous gardez ces gosses ici? Laissez nous les ramener chez nous!”, et lui a repondu “Non, ils sont bien ici, on les garde pour leur propre protection”. Je ne sais pas vraiment de quelle sécurité ils parlaient, on avait déjà été battu, c’etait preque incroyable. Plus tard j’ai réalisé qu’ils nous avaient battu pour faire gonfler l’affaire, le temps de fabriquer des preuves contre nous. La raison, c’était Mazayev, vous comprennez? C’était une relation du commandant des Forces Spéciales. Après il y a eu un procés factice, et après un temps, plus d’un an – un an et huit jours – ils nous ont relaché avec trois ans de probation. Sans même avoir le droit de reprendre un travail. Nous avons porté plainte partout… mais toutes ont atteri sur le bureau du commandant des Forces Spéciales et ont été classées sans suite. On s’est plaint auprés de la court, auprés du centre de détention provisoire, tout a atteri sur le bureau du commandant Alikhan Tsakayev. Comment vous expliquer? Cela ne sert plus à rien de se plaindre à qui que soit aujourd’hui, que ce soit le procureur, le comité d’investigation ou la Court Suprême. Peu importe a qui ont peu bien écrire, nos plaintes sont systématiquement renvoyées sur le bureau de Tsakayev. Il a fait la leçon à des membres de nos familles, il leur a parlé … à ma mère, à celle d’Imran, à celle de mon patron. Il a dit que malgré les plaintes nous serions condamnés à la prison, que nous ne sortirions jamais de cette histoire lavés et tranquilles. Ce sont ses mots, comme ça, depuis le début jusqu’au verdict. Plus tard, des membres de la famille ont écrit à Moscou… et Dieu merci, merci le tout puissant, ils ont enclenché une procédure contre les Forces Spéciales de Police, les ont chargés avec l’article 286 partie 3 du Code Criminel. L’affaire fut ensuite stoppée sur la base que les personnes accusées n’avaient pas été identifiées.